Répartition des nouvelles espèces d'orthoptères. Années 2013 à 2015.
Depuis le début des prospections d'orthoptères dans le cadre du futur atlas des sauterelles, criquets, grillons et courtilières de la région Poitou-Charentes, le cortège de ces insectes dans notre département n'a cessé de s'étoffer. Une espèce a ainsi été trouvée en 2013, sept en 2014 et deux en 2015.
Voici une petite synthèse de la répartition des espèces découvertes ces trois années.
Répartition des nouvelles espèces d'orthoptères découvertes entre 2013 et 2015 en Charente
Le Phanéroptère liliacé et le Criquet des pins... pas si rares !
... mais tout de même localisé dans des franges départementales bien précises.
Depuis 2013, le Phanéroptère liliacé a surtout été observé dans des milieux chauds et secs : jachères, prairies mésophiles... 41 stations ont été recensées à ce jour. Paradoxalement, cette sauterelle manque au sud d'une ligne Juillac-le-Coq, Chateauneuf-sur-Charente, Marthon. A notre surprise, l'espèce n'a pas été observée dans les coteaux du Montmorélien, alors que les habitats correspondent bien à ses exigences écologiques.
Pour ce qui est du Criquet des pins, sa distribution concerne la partie ouest de la Charente, d'une ligne reliant Touvérac à Saint-Germain de Confolens. Les 18 stations concernent des milieux arborés ou de landes, qui caractérisent bien cette partie du département. L'espèce n'a pas encore été signalée pour le moment dans une grande partie des massifs forestiers de la sylve d'Argenson (Braconne, Boixe, Tusson). Elle est à rechercher dans ce secteur.
De l'eau, de la roche
Le Grillon des torrents fréquente typiquement les bords des cours d’eau et leurs proximités : le Né, la Charente et la Tardoire. Des quatre stations recensées en trois ans, une recherche ciblée de cette espèce en 2016 permettra certainement de découvrir de nouvelles localités.
Autre espèce fréquentant les zones humides, le Tétrix riverain a été découvert sur 26 stations depuis 2013, principalement dans la frange est du département. Si sa discrétion, sa petitesse (de l’ordre d’un centimètre) et sa difficulté d’identification expliquent pourquoi il n’avait pas été signalé avant le lancement de l’atlas, on ne peut que se réjouir du nombre de stations découvertes compte-tenu de ces difficultés. Sa présence devrait se densifier en 2016, avec une recherche appuyée dans l’ouest du département.
Tétrix riverain Tetrix subulata (Photo : Réjane Pâquereau)
Deux autres tétrix viennent compléter l’inventaire des minuscules criquets charentais : le Tétrix des carrières (18 stations), considéré désormais comme fréquent en périphérie d’Angoulême et le rare Tétrix déprimé, qui compte 5 stations réparties sur une ligne Angoulême – Bouteville. Ces espèces recherchent des milieux thermophiles et bien exposés, pierreux, à végétation lacunaire… Mais le Tétrix des carrières est bien moins exigeant que le déprimé et a même été observé dans une bassine (réserve d’eau) ainsi qu’en bordure de chemin, ce qui explique le nombre de contacts plus importants. Objectif de 2016 : continuer la prospection des carrières, pelouses et autres chemins pierreux sur l’ensemble du territoire charentais.
Jachère et pâture
Deux milieux bien différents que recherchent respectivement les très rares Criquet des larris et Sténobothre nain. Ce dernier avait été trouvé l’année dernière dans une prairie sèche pâturée par des moutons (habitat typique de l’espèce) sur la commune de Montrollet. Mais depuis, la zone a été ratissée. Peut-être reste-t-il encore quelques individus ? En attendant, les nombreuses prospections dans des zones favorables (prairie naturelle sèche pâturée avec des zones pelées) au nord Charente n’ont rien donné. Quant au Criquet des larris, une nouvelle station a été découverte par Matthieu durant le suivi des outardes en 2015, toujours sur la commune de Paizay-Naudouin. L’espèce n’a pas été trouvée ailleurs, soit 3 sites à ce jour.
Leur grande rareté résulte d’exigences écologiques importantes, leurs habitats (jachère sèche thermophile soumise à de gros écarts de températures pour le Criquet des larris et prairie sèche pâturée principalement par des moutons pour le sténobothre) disparaissant progressivement à force de monoculture intensive. Nous sommes peut-être également en limite de leur répartition dans la frange ouest de l’hexagone ?
Des prospections ciblées pour ces espèces seront à nouveau menées l’année prochaine dans le nord Charente afin de trouver de nouvelles stations. Le soleil d’Août sera notre allié.
Ils entrent en scène !
N’oublions pas les petits nouveaux de cette année 2015… « petit » étant loin de représenter l’une des plus grandes sauterelles européennes, le Dectique à front blanc, découverte en 2015 sur cinq stations, principalement dans de vieilles jachères sèches à chardons. Nous savons dans quel habitat le chercher l’année prochaine !
Quant au Criquet des dunes, l'observation de 4 individus en 2015 dans le sud Charente suppose une présence ailleurs dans le département, en terrain chaud et sablonneux. Son identification ne pose pas de problème, ce criquet étant le seul de la région à avoir des antennes aplaties et un front bombé.
L’association Charente Nature remercie l’ensemble des bénévoles pour leur implication durant cette troisième année de prospection des orthoptères, en sortie terrain ou par l'intermédiaire de Faune-Charente. Nous avons besoin d’un maximum de personnes pour poursuivre cet inventaire dans notre département, qui cache certainement encore beaucoup de surprises.
David Neau
Pour l'équipe Faune-Charente
Ce projet est réalisé avec la participation financière de :